RISK ELECTORAL

RISK ELECTORAL

26 May 2025 Off By EG

De Lisbonne à Varsovie, en passant par Bucarest, le dimanche 19 mai 2025 a vu la victoire, ou tout au moins l’avance dans le cas polonais, des forces politiques pro européennes face aux candidats et partis de droite radicale ou extrême. Comme le rappelle Euractiv, derrière le soulagement palpable à Bruxelles et dans les principaux Etats membres, la dynamique de l’extrême droite populiste est réelle et ne faiblit pas.  

La tripartition des paysages électoraux européens entre 3 polarités antagonistes fabrique de l’instabilité.

Immédiatement comme en France ou aux Pays-Bas, ou à terme comme en Allemagne où les coalitions centristes renforcent l’opposition radicale (EIH 17/2/25). En Pologne, dirigée par une coalition centriste menée par D. Tusk, la droite nationale du PiS a réussi à combler son retard et à se qualifier pour le second tour de l’élection présidentielle. Si le candidat pro-européen R. Trzaskowksi, maire de Varsovie, est arrivé en tête deux points seulement le distancent de son concurrent ultraconservateur et pro-Trump.

Ce dernier pourrait bénéficier au second tour de l’important réservoir de voix à l’extrême droite : avec des scores non négligeables : 14,8 % pour Sławomir Mentzen, de Confédération, et 6,3 % des voix pour l’eurodéputé antisémite et traditionaliste Grzegorz Braun. Amélie Poinssot pour Médiapart en analyse la dynamique avant le dénouement prévu le 1er juin 2025, qui se jouera certainement à droite, donc

Au Portugal, le parti d’extrĂŞme-droite Chega qui avait dĂ©jĂ  secouĂ© les Ă©lections l’annĂ©e dernière (EIH 17/3/24) franchit cette fois la barre des 20% et talonne les socialistes, arrivĂ©s deuxièmes. L’Alliance dĂ©mocratique dirigĂ©e par Luis Montenegro a gagnĂ© avec 32,7 % des voix et 89 sièges, soit 9 de plus qu’en 2024, mais encore loin d’une majoritĂ© de 116 sièges. Le gouvernement dispose donc d’un mandat renouvelĂ© et plus important que la dernière fois, ce qui l’aide dans les nĂ©gociations pour construire une majoritĂ©, mais avec qui ?

La seule option qui s’offre Ă  l’Alliance dĂ©mocratique est donc un accord avec les socialistes ou avec l’extrĂŞme droite…  Comme Ă  Berlin au printemps 2025. 

AndrĂ© Ventura, le leader de Chega, prĂ©tend avoir brisĂ© la domination bipartisane. De fait, il aura plus de pouvoir pour dicter ses conditions dans le cadre d’un accord. Ou si l’AD devait s’allier aux socialistes mais que les deux parties gaspillent leur capital politique l’une avec l’autre, c’est son parti qui en bĂ©nĂ©ficiera.  

Comme le soulignait Pierre Haski, à propos de la Roumanie, ces élections dépassent le seul cadre national.

Le Grand Continent fait le portrait du maire de Bucarest, qui a gagnĂ© le deuxième tour crucial d’une Ă©lection roumaine Ă  rebondissements. Ce qui semble avoir aidĂ© Nicusor Dan, c’est une augmentation de la participation, probablement pour faire barrage Ă  George Simion. 

Le taux de participation au second tour a Ă©tĂ© de 65 % (53% au 1er tour), soit le taux le plus Ă©levĂ© pour une Ă©lection prĂ©sidentielle roumaine depuis le premier tour de l’Ă©lection de 2000.

N. Dan a ainsi augmenté son nombre de voix bien plus que G. Simion selon une équation devenue classique dans le reste de l’UE face à l’insurrection populiste et à ses soutiens extérieurs, comme l’analyse le Washington post

De fait, c’est un Risk gĂ©ant qui continue de se dĂ©rouler sur le théâtre de la dĂ©mocratie roumaine. Appliquant le manuel de la contestation populiste, le candidat d’extrĂŞme-droite dĂ©fait par le candidat centriste lors du 2e tour de l’élection prĂ©sidentielle dimanche dernier (EIH 19/5/24) refuse la lĂ©gitimitĂ© du rĂ©sultat. Il renverse les accusations d’ingĂ©rence, en dĂ©signant entre autres la France, consĂ©cutivement Ă  une opĂ©ration de dĂ©sinformation classique, comme le rappelle le spĂ©cialiste en la matière David Colon, menĂ©e par le fondateur de telegram Pavel Durov. (V. EIH 2.09.24). 

Mais surtout, sa campagne inonde les réseaux sociaux d’appels à l’insurrection le 26 mai, jour où le nouveau président Nicusor Dan doit prêter serment devant le Parlement, sur le modèle américain du 6 janvier 2021 (V. EIH 17.01.2021).