
Czlowiek ze stali (Man of steel)
Dans leur tribune publiĂ©e dans Le Monde le 1er avril 2025, Shahin VallĂ©e et David Amiel proposent de renforcer l’autonomie stratĂ©gique de l’Union europĂ©enne face aux menaces protectionnistes amĂ©ricaines. Ils appellent Ă dĂ©ployer un vĂ©ritable arsenal de dĂ©fense Ă©conomique, notamment par le biais : d’une rĂ©forme de l’instrument de rĂ©torsion commerciale de l’UE pour pouvoir riposter plus rapidement ; de l’extension des mĂ©canismes de filtrage des investissements Ă©trangers, pour protĂ©ger les secteurs stratĂ©giques ; et d’une politique industrielle plus affirmĂ©e, afin de rĂ©duire la dĂ©pendance technologique et Ă©nergĂ©tique europĂ©enne. Ils plaident pour un sursaut collectif afin que l’Europe ne reste pas spectatrice dans la guerre commerciale engagĂ©e par les États-Unis.Â
C’est l’esprit adoptĂ© par la Commission europĂ©enne en ce qui concerne la question de l’acier. Selon Politico, les politiques commerciales de Donald Trump, qui a commencĂ© avec l’acier, poussent l’Europe Ă renforcer son industrie sidĂ©rurgique, essentielle pour sa dĂ©fense et son autonomie stratĂ©gique. Bruxelles a ainsi promis aux sidĂ©rurgistes europĂ©ens des ajustements au MĂ©canisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM). Sont aussi prĂ©vues des mesures de protection contre les importations, dans le cadre d’un nouveau plan de sauvetage prĂ©sentĂ© par le VP StĂ©phane SĂ©journĂ©.
Le 19 mars 2025, la Commission europĂ©enne avait publiĂ© son Plan d’action pour l’acier et les mĂ©taux visant à “renforcer la compĂ©titivitĂ© de l’industrie sidĂ©rurgique et mĂ©tallurgique europĂ©enne”. Selon son promoteur, le VP SĂ©journĂ©, il s’agit de rĂ©pondre aux dĂ©fis des coĂ»ts Ă©nergĂ©tiques Ă©levĂ©s, de la concurrence dĂ©loyale, de la charge rĂ©glementaire et surtout des besoins d’investissement pour la dĂ©carbonisation.
L’objectif est de soutenir la transition vers des procĂ©dĂ©s de production plus Ă©cologiques tout en maintenant la compĂ©titivitĂ© sur le marchĂ© mondial. Parmi les principales mesures proposĂ©es on notera : un accès facilitĂ© Ă l’hydrogène Ă bas carbone (donc nuclĂ©aire aussi bien que renouvelables – cf. EIH 8/9/24) ; des orientations pour la conception des tarifs de rĂ©seau, et la prĂ©vention des “fuites de carbone” (EIH 9/6/22). L’essentiel se trouve surtout dans la promotion des capacitĂ©s industrielles europĂ©ennes, l’Ă©conomie circulaire pour les mĂ©taux et la rĂ©duction des risques grâce aux marchĂ©s pilotes et au soutien aux investissements. Il s’agit de faciliter les investissements dans des technologies innovantes et crĂ©er des marchĂ©s pilotes pour tester de nouvelles solutions, rĂ©duisant ainsi les risques associĂ©s Ă l’innovation.
Ce plan s’inscrit dans le cadre plus large du Clean Industrial Deal (EIH 24/2/25), visant Ă moderniser l’industrie europĂ©enne tout en atteignant les objectifs climatiques de l’UE. Un plan industriel plus large, qui inclut le retour des mines en Europe, insiste le Commissaire SĂ©journĂ© dans un entretien au Figaro.
Le 25 mars 2025, la Commission europĂ©enne a donc adoptĂ© une liste de 47 projets stratĂ©giques visant Ă renforcer les capacitĂ©s internes en matières premières essentielles. L’idĂ©e est de consolider la chaĂ®ne de valeur europĂ©enne et diversifier les sources d’approvisionnement. Ils suscitent Ă©videmment de nouvelles questions sur l’encadrement environnemental et le respect de la lĂ©gislation europĂ©enne en la matière.
Le vert n’est plus très à la mode à Bruxelles.