BORGEN 4 LIVE

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13 January 2025 Off By EG

Le cycle d’actualitĂ© n’en a pas fini de tourner autour du nouvel (dĂ©s-)astre. Chaque confĂ©rence de presse du 47e prĂ©sident amĂ©ricain livre son lot d’outrances et de spĂ©culations sur les intentions de la première puissance mondiale.  Mardi 7 janvier 2025, Trump a ainsi jetĂ© un froid polaire sur les capitales europĂ©ennes – et si la prĂ©sidente von der Leyen n’avait pas eu sa pneumonie, elle l’aurait peut-ĂŞtre attrapĂ©e dans la foulĂ©e.  

Quoi qu’il en soit, les dernières déclarations du président américain tranchent avec la doctrine isolationniste et son désintérêt professé pour le reste du monde. Après avoir proposé – méprisant – au Canada de rejoindre les Etats Unis, Trump prend des accents impérialistes inédits, et annonce une politique expansionniste américaine, revendiquant le canal de Panama (dont le contrôle a été rendu par les Américains à Panama en 2000), la paternité du Golfe du Mexique et surtout, le Groenland. La BBC prend au sérieux le propos et en tire 4 scénarios, de l’achat pur et simple à la prise de contrôle politique.

L’intérêt de Donald Trump pour le Groenland, territoire autonome depuis 1979 mais sous souveraineté du Danemark (membre de l’UE), n’est pas nouveau, en 2019, il avait déjà proposé au Danemark d’acheter le territoire, une initiative promptement rejetée par les gouvernements danois et groenlandais. De nouveau, la proposition ne semble pas particulièrement impressionner les habitants de la grande île polaire, comme le rappelle The Economist. “Ni Américain, ni Danois,” mais indépendants, clame leur premier ministre – qui remet son mandat en jeu au printemps.

Le changement climatique et la fonte de la calotte glaciaire ont relancé l’intérêt porté au Groenland Il a pour conséquence d’ouvrir de nouvelles routes commerciales dans l’Arctique, et de rendre accessibles de riches ressources minières que Trump juge essentielles “à la sécurité économique” états-unienne. Il y a évidemment aussi les éléments de position stratégique, pour le contrôle et la surveillance des routes maritimes susceptibles d’être empruntées par la flotte russe ou chinoise, et en particulier des sous-marins d’attaque qui pourraient menacer la sécurité du territoire américain.

Lors de sa conférence de presse, le président américain a refusé d’écarter la possibilité d’employer la force militaire pour envahir et annexer le Groenland. Est-il cependant sérieux? Comme de nombreux autres analystes et collègues, la députée danoise et résidente groenlandaise Aaja Chemnitz a réagi en affirmant qu’elle ne prenait pas au sérieux les menaces de Donald Trump. Mais la question hante ses partenaires autant que ses adversaires. C’est une de ses forces.

Les Etats-Unis ont déjà une base aérienne groenlandaise stratégique pour leurs missiles balistiques à Pituffik, et donc un pied bien ancré sur le territoire autonome. Mais les Groenlandais, même s’ils pourraient être séduits par les promesses de croissance, ne sont pas pour autant favorables aux lubies trumpistes. Ils pourraient rechigner à se retrouver embarqués dans une confrontation dangereuse avec d’autres grandes puissances.

Si l’armĂ©e amĂ©ricaine cherchait Ă  envahir le Groenland avant le rĂ©fĂ©rendum pour l’indĂ©pendance du Groenland que le premier ministre groenlandais MĂşte Egede prĂ©voit d’organiser en 2025, c’est le Danemark, membre de l’OTAN et alliĂ© fidèle des Etats-Unis qui est responsable de la sĂ©curitĂ© militaire du pays. Mais Copenhague, mĂŞme avec le soutien des armĂ©es des Etats-membres de l’UE en vertu de l’article 42-7 du TFUE qui garantit l’assistance mutuelle, n’aurait certainement pas les capacitĂ©s nĂ©cessaires pour repousser une invasion amĂ©ricaine.

Mais devant cette énième provocation, l’Union européenne a refusé de répondre en des termes clairs et fermes. L’absence prolongée de la Présidente de la Commission se traduit en termes de faiblesse des réactions. Autant de signaux inquiétants sur la capacité de l’UE à se hisser au niveau du jeu global.

Après avoir négligé trop longtemps un territoire périphérique, l’UE découvre à travers les yeux de Trump qu’elle aurait pu prendre soin de ses intérêts arctiques. Depuis le Brexit et sans la Norvège, l’UE n’est plus riveraine de cet espace stratégique. Une complaisance qu’elle pourrait être amenée à regretter.

Il est plus que temps de revoir la saison 4 de Borgen