BRATISLABOYS 

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27 January 2025 0 By EG

Les aspirants autocrates voisins de la Hongrie doivent regarder la tranquillité de V. Orban avec envie. En Slovaquie, une profonde crise politique secoue le gouvernement du Premier ministre Robert Fico (SMER).  

Dans la continuité de celles de décembre, les manifestations croissantes dans la capitale Bratislava contre la position pro-russe du PM ont repris avec la nouvelle année. Elles accompagnent la crise de la coalition gouvernementale au Parlement déclenchée notamment par le raidissement de la ligne pro-russe de R. Fico. Ce dernier  n’exclut plus une dissolution de l’assemblée ou des élections législatives anticipées pour répondre à cette crise. 

La déclaration du député SMER Tibor Gašpar, envisageant une éventuelle sortie de l’UE et de l’OTAN, a suscité une vive contestation de l’opposition au Parlement. Le président Peter Pellegrini (HLAS-SD) mais aussi des membres du gouvernement tel que Tomáš Taraba, le Ministre de l’environnement s’y opposent aussi. De nombreux politologues qualifient ses remarques de “très dangereuses“. Le professeur à l’université d’économie de Bratislava, Radoslav Štefančík, explique ces propos par la proximité du député avec des partis d’extrême droite. Le Premier ministre Robert Fico soutient ces propos en affirmant que la Slovaquie doit se préparer à tous les scénarios. Dans cette vidéo diffusée sur Facebook il le rappelle :  « Tout comme le Pacte de Varsovie s’est effondré en l’espace d’un an, les événements mondiaux peuvent reléguer l’UE et l’OTAN aux livres d’histoire. » 

Pays frontalier de l’Ukraine et dépendant à plus de 90% des hydrocarbures russes, au point qu’il bénéfice encore pour cette année d’une exception sur l’embargo des importations pétrolières russes, la Slovaquie se retrouverait dans une situation de sécurité précaire si son statut de membre de l’UE ou de l’OTAN était remis en question.  

Aux cris de “la Slovaquie c’est l’Europe”, les contestations populaires croissantes portent sur la tentation de conciliation de R. Fico avec le Kremlin. En particulier la réduction des aides financières à plus de 130.000 réfugiés ukrainiens en réponse à l’interruption de la livraison du gaz russe par l’Ukraine pour la Slovaquie. 

Le mécontentement populaire se manifeste aussi par des corps professionnels comme avec ces 100 psychiatres slovaques. Ceux-ci ont adressé une lettre ouverte directement au Premier ministre soulevant leurs inquiétudes face à un comportement qu’il estiment de plus en plus autoritaire et manipulateur depuis la tentative d’assassinat à son encontre en mai 2024.  Ils dénoncent sa part de responsabilité dans l’émigration des Slovaques et son abandon des services publics. Ils pointent aussi une politique étrangère contradictoire à celle de l’UE et l’OTAN, notamment sur le conflit Ukraine-Russie, où il refuse de désigner l’agresseur.  

Confirmant peut être le diagnostic, la réponse du Premier ministre s’est faite menaçante envers les initiateurs de cette lettre. Il les accuse de profiter de leur position professionnelle pour contester les principes fondamentaux de la démocratie et par extension du résultat des élections législatives. Dans l’habituel renversement paranoïaque des potentats contestés, il les accuse de vouloir initier un “Maïdan” slovaque avec l’opposition avec le soutien d’ONG financées à l’étranger.  

Une accusation grossière, directement tirée du manuel moscovite de manipulation de l’opinion.