FOSSILES

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24 November 2025 0 By EG

Dans son dernier rapport, l’Agence internationale de l’énergie prĂ©dit une forte croissance de la demande Ă©lectrique (+ ≈ 40 % d’ici 2035), portĂ©e par l’électrification (chauffage, mobilitĂ©, data centers), avec des renouvelables dominants. Cependant, la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique dĂ©pend de la disponibilitĂ© des minerais critiques, comme les terres rares, largement concentrĂ©s dans quelques pays, posant un risque gĂ©opolitique majeur. L’électricitĂ© devient centrale, mais les infrastructures (rĂ©seaux, stockage) peinent Ă  suivre. Le rapport souligne un retour du nuclĂ©aire, notamment via les petits rĂ©acteurs modulaires.

MalgrĂ© les menaces et les reculs dans l’esprit, la trajectoire de la dĂ©carbonation europĂ©enne ne semble pour le moment pas affectĂ©e par les attaques sur le Green Deal. Le mix Ă©nergĂ©tique europĂ©en reste trĂšs diversifiĂ© mais en forte mutation.

Les Ă©nergies fossiles (gaz, charbon, pĂ©trole) reprĂ©sentent encore une part significative de la consommation finale, mais leur poids diminue au profit des renouvelables, comme le montre le rapport Ember sur l’annĂ©e 2024. L’UE a fortement dĂ©veloppĂ© l’éolien et le solaire, qui couvrent dĂ©sormais une part croissante de la production Ă©lectrique, tandis que l’hydroĂ©lectricitĂ© reste stable.  

Le nuclĂ©aire joue un rĂŽle clĂ© dans certains pays (France, Belgique, Hongrie), assurant une production bas-carbone constante. L’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique progresse lentement, et le stockage ainsi que les rĂ©seaux intelligents peinent Ă  absorber l’intermittence des renouvelables. La dĂ©pendance aux importations de gaz, notamment russe, reste Ă©videmment un dĂ©fi majeur pour la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique (ES 29/9/25).

Certes, les investissements de l’UE dans les Ă©nergies fossiles diminuent mais ils persistent, comme le montre le rapport de l’EEA : entre 2015 et 2025, ils ont chutĂ© de 32 %. Pourtant, en 2025, les flux vers le charbon et le gaz repartent Ă  la hausse, soulignant la dĂ©pendance durable de l’Europe aux infrastructures fossiles.

Un exemple supplĂ©mentaire des contradictions Ă©nergĂ©tiques dans lesquelles l’UE se retrouve pour des raisons gĂ©opolitiques : rĂ©cemment, la GrĂšce, Chypre et IsraĂ«l ont relancĂ© leur coopĂ©ration Ă©nergĂ©tique stratĂ©gique, soutenue activement par les États-Unis. Via le format “3+1” lors d’un sommet ministĂ©riel en novembre Ă  AthĂšnes, les quatre pays se sont engagĂ©s Ă  renforcer la sĂ©curitĂ© Ă©nergĂ©tique en MĂ©diterranĂ©e orientale, diversifier les approvisionnements et rĂ©duire la dĂ©pendance vis‑à‑vis d’acteurs qualifiĂ©s de “malsains”. Ils soutiennent des projets d’interconnexion, notamment le corridor Inde-Moyen-Orient-Europe, et Ă©voquent la crĂ©ation d’un “Energy Center” mĂ©diterranĂ©en. Dans ce cadre, la construction d’un gazoduc reliant IsraĂ«l Ă  l’Europe via Chypre et la GrĂšce, avec un rĂŽle accru des États-Unis, revient sur la table.

Le renforcement des corridors gaziers israĂ©lo‑chyprio‑grĂ©co‑amĂ©ricains permet Ă  l’UE de diversifier ses importations, rĂ©duisant sa dĂ©pendance aux hydrocarbures russes. Cela pourrait limiter l’influence stratĂ©gique de Moscou en MĂ©diterranĂ©e orientale et met sous pression ses projets gaziers vers l’Europe.

Mais comme le dit l’expert JM Jancovici Ă  propos d’un rapport du Shift Project sur la « double contrainte carbone » : l’Europe doit dĂ©carboner non seulement pour le climat, mais aussi pour sĂ©curiser ses approvisionnements Ă©nergĂ©tiques. La dĂ©pendance aux importations, en dĂ©clin futur, rend la transition Ă©nergĂ©tique essentielle pour Ă©viter des perturbations Ă©conomiques et sociales.

 Le rapport du Shift est clair : seule la dĂ©carbonation fera la souverainetĂ© de l’Europe. Pas les Ă©nergies fossiles.